Expulsion d’une famille de la Coudraie
Expulsion d’une famille de la Coudraie
Vendredi 8 avril à 8h30 du matin à la
Coudraie, la porte de la famille B. a été forcée
sous le contrôle de la police et d’un huissier. Le logement était vide, le père
de famille, pas prévenu, a découvert la chose en rentrant de l’école du
quartier où il avait conduit ses deux enfants de 3 et 6 ans.
Cette
expulsion est un véritable scandale !
Le jugement d’expulsion
date de mars 2001. Une période particulièrement difficile pour la famille
puisque M. B., 53 ans, reconnu handicapé à la suite d’un accident du
travail, est au chômage depuis cette
époque.
Premier
scandale : la dette
de la famille à l’égard du bailleur est montée jusqu’à 5200 euros. Mais à la
suite de remboursements réguliers, elle
n’était plus que de 2000 euros, au jour de l’expulsion .
Deuxième
scandale :
l’expulsion s’est faite au mépris des assurances du
bailleur, du sous-préfet et même, tout récemment, d’un conseiller du ministre
Borloo qui avaient affirmé à diverses occasions,
et à plusieurs reprises par écrit, qu’il n’y
aurait pas d’expulsion à la Coudraie.
Troisième
scandale :
sous-préfet et bailleur s’étaient engagés à signer des protocoles dits Borloo,.
Ces protocoles, institués par la circulaire du 13
mai 2004, autour de
laquelle le ministre avait fait une grande publicité, sont des accords d’échelonnement de la dette, avec les
familles que les autorités baptisent « de
bonne foi » . Mais ni le bailleur, ni le sous-préfet n’ont proposé
de signer de protocole à aucune famille de la Coudraie.
Quatrième
scandale : les conditions de l’expulsion elle-même. Alertés dès 9 heures, des membres du
collectif des habitants de la Coudraie sont intervenus.
Contactée
par téléphone portable, la sous-préfecture a d’abord prétendu ne pas
être au courant. Ayant réussi à joindre le sous-préfet, absent, la secrétaire générale a ensuite admis qu’il ne
devait pas y avoir expulsion.
Mais là, c’est le responsable de l’opération de police sur
les lieux qui est bizarrement “ injoignable ” sur son portable et les
policiers refusent de prendre la communication avec la sous-préfecture sur le portable
d’un membre du collectif .
Puis les
policiers deviennent nerveux et brutaux : ils appellent 5 autres voitures, police nationale, BAC, police municipale, en renfort,
bousculent violemment une femme et une personne âgée et plaquent contre des
voitures un conseiller municipal Vert de Poissy et un membre de l’association
Droit au logement, bousculent une journaliste. Puis
ils s’en prennent à un autre journaliste : le menacent de porter plainte contre lui s’il raconte ce
qu’il a vu, cherchent à récupérer de force ses photos et contrôlent son
identité.
Soudain,
vers 11 h 30, le commandant de police admet que l’expulsion est
suspendue.
L’huissier demande à M. B. de le rappeler à 14 heures pour qu’il lui donne les nouvelles clés de son appartement. Policiers, huissier et camions de déménagement chargés,
décampent en quelques dizaines de secondes seulement.
Dans l’après-midi volte
face des autorités : l’huissier explique au téléphone à M. B. que, tout compte fait, l’expulsion a bien
eu lieu. Contactés, les déménageurs lui demandent 300 euros pour lui
rendre ses meubles. La sous-préfecture confirme que “ puisque les serrures
ont été changées, l’expulsion est effective ”.
M. B. n’a pas eu accès au reste de ses meubles à l’intérieur
de l’appartement. Les policiers lui ont interdit de prendre quoi que ce soit
pendant le déménagement, même pas des vêtements pour ses enfants. Il ne lui est
même pas proposé un logement d’urgence pour sa famille, seulement une chambre
d’hôtel pour lui-même. Au soir du 8 avril, la famille est dispersée chez des
amis ou des parents.
Le Collectif des habitants de la
Coudraie réclame la
réintégration
immédiate de cette famille dans son logement.
Habitants de Poissy
apportez nous votre soutien, demain c’est peut-être vous qui serez concernés.
Le
Collectif des habitants de la Coudraie
soutenu
par la LDH, le DAL, la CGT, le PS, le PC, les Verts, Attac, LO,Vice-président
du groupe PRG 78
Contact aux bons soins de la LDH : 06
32 68 01 41 ; Internet : ldh.poissy@free.fr
Contact aux bons soins du
Collectif des Habitants de la Coudraie : 06 20 85 20 90 ; Internet: elmas@myki.org
Poissy, le 14 avril 2005
Monsieur le
S/Préfet s'était engagé à ne pas signer d'ordre d'expulsion sur la Coudraie
(Poissy)
Face à une expulsion, considérée, à juste raison, par le
collectif de défense de la Coudraie comme abusive le lundi 12 avril 2005 à 14
h, une délégation de 25 personnes s'est rendue à la sous-préfecture de
Saint-Germain en Laye.
L'objectif : faire réintégrer la famille dans son
logement (expulsée le 8 avril 2005 voir le communiqué de la LDH daté du 11
avril 2005).
Cette délégation
comprenait la famille B., et des représentant-es, de l'association des
locataires, du D.A.L, de La Ligue des Droits de l'Homme ( sections de Poissy de
Saint-Germain, de la Fédération des
Yvelines) de la CGT, du PC, des Verts, d'ATTAC, tous membres du collectif.
(Moyenne d'âge évaluée 45-48 ans)
Quelques minutes
après l'entrée de la délégation, laquelle avait déplié 4 banderoles, dans le
hall d'accueil, Monsieur le Commissaire Divisionnaire de Saint-Germain en Laye
lui signifiait qu'elle ne serait pas reçue par Monsieur le Sous-Préfet. Il a
demandé à la délégation de quitter le bâtiment.
Devant le refus des membres de la délégation de quitter les
lieux, Monsieur le Commissaire Divisionnaire a donné l'ordre à une dizaine de
policiers de faire évacuer.
Au cours de cette
intervention violente, Monsieur B., handicapé, a été projeté à terre, les
services de secours des pompiers ont dû être appelés, plusieurs membres de la
délégation ont été, avec force, plus que bousculés plus spécifiquement une
femme de 70 ans, deux hommes de 60 et 48 ans.
A 15h45, heure de
fermeture des locaux, la délégation ne comportant plus que 15 personnes,
réfugiée sur le perron la S/Préfecture, a été expulsée en dehors des grilles de
la S/Préfecture sous l'oeil plus que vigilants de 34 policiers venus en renfort
et avec ordre du Commissaire divisionnaire de procéder sans violence et
respect.
La délégation
reste sur le trottoir. Après de fortes négociations téléphoniques en fin
d'après-midi, Monsieur le Sous-préfet a accepté de recevoir quatre personnes.
La discussion d'une heure, a abouti sur la reconnaissance
par Monsieur le Sous-Préfet des faits suivants :
- La décision
d'expulsion de la famille n'était pas justifiée,
- La
reconnaissance de la bonne foi de la famille B. ,
Pour son relogement, la famille, sans moyen de locomotion,
se voit proposer un hébergement provisoire en hôtel, à 15 Km de leur ancien
logement et de l'école des enfants, (2 bus et un train sont nécessaires).
Monsieur le Sous-Préfet s'est engagé à contacter France Habitation, le
bailleur, afin de trouver une solution de relogement définitive.
La Ligue des
Droits de l'Homme dénonce le recours à la force publique complètement
injustifiée contre une délégation venue réclamer l'application des droits
reconnus à la famille B.
Dénonce le relogement provisoire en hôtel, de surcroît dans
de telles conditions, alors que cette expulsion est abusive.
Elle espère que
les engagements pris par Monsieur le Sous-Préfet permettront le rétablissement
très rapide de la famille B. dans ses droits et la réintégration dans son
logement à La Coudraie, solution qui est la seule envisageable pour cette
famille très perturbée par ces événements. L'ensemble du collectif, dont la
LDH, continuera a soutenir fermement cette famille
Anne Laforgue, présidente de la section de Poissy
Pascal Lévèque, président de la section de Saint-G la S/Pref ermain en Laye
Michel Roux, président de la fédération des Yvelines