Contre-OPA de Dassault sur Danone
Contre-OPA de Dassault sur Danone
The Little Butter™ shall remain ours !
jeudi 21 juillet 2005
Face à l’offensive conjointe de la malbouffe et de la mondialisation contre l’une des plus belles sociétés françaises, le pays n’a d’autre choix que de serrer les coudes dans un grand élan patriotique. L’industrie militaire nationale, retranchée derrière le mur de l’Atlantique et bien approvisionnée en Yop™ banane, a décidé de prendre les devants.
La
rumeur a entre autres pouvoirs extraordinaires celui d’enflammer les
marchés pour des histoires d’eau. C’est ainsi que le cours de l’action
Danone a gagné plus de 15% en deux jours. Le premier emballeur d’eau
mondial serait en effet la cible d’une offre d’achat super méchante de
PepsiCo, deuxième producteur mondial de Coca-Cola™.
Or Danone est
le joyau de l’industrie agro-alimentaire française dans le monde, juste
devant Leader Price - ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Zinedine
Zidane a choisi de prêter son visage aux deux groupes. Même si le
Gosplan ne régit plus l’activité économique de notre Brave Patrie
depuis 2002, il est fort naturel que les plus hauts représentants de
l’Etat se soucient d’un éventuel passage de la firme à l’ennemi
diététique, et s’emploient à défendre notre Exception Culturelle™.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ?
Paradoxalement, c’est du fait de notre excellence que nous sommes
aujourd’hui devenus une cible : toutes ces jeunes étudiantes
américaines qui, rentrant chez elles, n’ont que les mots "Hello de
Lou™"* à la bouche ne peuvent qu’attirer l’attention d’une nation de
poètes du marketing.
Ajoutez à cela les terribles images de paysans
portugais combattant une sécheresse sans précédent en arrosant leurs
champs de morues à la bouteille de Volvic Magique™ à l’ail de 33
centilitres : les Américains ne reculeront devant aucun expédient pour asseoir leur domination sur les dernières réserves d’or incolore et inodore rétablir la démocratie dans le marché de l’eau minérale.
Pour Antoine Giscard d’Estaing, directeur financier du groupe Danone, la manœuvre est d’ailleurs à la limite de la légalité : "ils jouent, comme souvent, sur un aspect méconnu des mécanismes boursiers. En effet, il semblerait qu’on puisse, sur un marché d’actions, acheter les titres d’une entreprise cotée. Même moi, je ne le savais pas, et pourtant on a le nez creux, dans la famille. Résultat : quand une petite entreprise familiale intègre doit vendre jusqu’à 85% de ses actions pour récolter un max de pognon faire grandir, mieux vivre et s’épanouir les hommes en leur apportant chaque jour une alimentation meilleure, des goûts plus variés et des plaisirs plus sains, certains malveillants achètent ces actions. C’est pas de jeu."
Face à cette offensive financière qu’est pas de jeu, la
France ne pouvait que mobiliser ses forces vives. C’est ainsi que
Dassault Aviation a spontanément proposé de prendre le rôle de
chevalier blanc.
Serge Dassault, le célèbre polémiste aux idées saines, s’en explique : "Il
y a une synergie évidente entre nos activités et celles du groupe
Danone : 88% des victimes de bombardements ne peuvent plus manger que
du yaourt avec une paille. Nous travaillons par ailleurs à un modèle de
bombardier d’eau qui conserverait intact l’arôme de la Volvic Magique™,
et le gouvernement portugais nous a déjà placé une pré-commande d’une
dizaine d’appareils."
Le gouvernement y voit lui aussi un avantage : "Dassault
est, psychologiquement, le repreneur idéal. Les Américains connaissent
l’engagement du groupe contre la vermine communiste. Ainsi, une reprise
de Danone par Dassault serait compatible avec leur stratégie de containment de la menace chinoise, et acceptable pour eux", déclare François Loos, ministre délégué à l’Industrie. "Et
au pire, on pourra toujours envoyer le Charles-de-Gaulle en face de la
Grande Motte et dégommer les buvettes Pepsi™ au Mirage IV™ si les
Yanquis renâclent."
A l’heure où le gouvernement engrange les premières
victoires significatives dans la longue bataille contre le chômage, on
voit donc que tout sera fait pour qu’aucun employé de Danone, jamais, ne soit licencié au nom des marchés financiers.
Non, messieurs les gros, vous n’aurez pas les Prince™ et l’Actimel™ !
Post-scriptum : * LU, pauvre conne ! LU ! LU ! LU !